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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 14:07

La base du droit d’enregistrement des marchés est indiquée par le législateur à l’alinéa 5 de l’article 279 du code de l’enregistrement du timbre et de l’impôt sur les valeurs mobilières (CET). 

Avant la loi de finances gestion 2004, le législateur prescrivait le calcul du droit d’enregistrement sur les marchés sur le montant TTC du marché.

 La disposition en cause a été modifiée par l’article 21 de la loi N°62-2003/AN du 19 décembre 2003 portant loi des finances pour l’exécution du budget de l’Etat -Gestion 2004. Cet article énonçait que «Le droit est liquidé sur le prix hors taxe ou sur l’évaluation de l’ensemble des travaux, fournitures, ouvrage ou services imposés au soumissionnaire qui en règle le montant».

 Au plan financier, la modification avait pour conséquence la baisse du droit d’enregistrement des marchés.

 Toutefois, l’application de la disposition issue de la loi de finances gestion 2004 a été rendue difficile par le commentaire qu’en ait fait l’administration fiscale dans l’instruction n°01/2004 du 14 juillet 2004.

 En effet, aux termes de cette instruction, l’expression «montant hors taxe du marché» signifie montant hors TVA et hors droit d’enregistrement. En se fondant sur les dispositions de l’article 326 du code des impôts, l’instruction pose que «la base imposable de la TVA inclut ipso facto les droits d’enregistrements dus au titre du marché». Qu’ainsi, la base hors taxe du marché sur laquelle est déterminée le droit d’enregistrement n’est pas la même que la base de la TVA.

 Cette interprétation conduit à faire du droit d’enregistrement un élément du prix du marché. Or le droit d’enregistrement est un impôt assis sur des opérations juridiques visées par le CET. La détermination du droit applicable se fait à l’issue de l’analyse juridique de l’acte ou de l’opération soumise à l’enregistrement. C’est donc après avoir identifié la nature des obligations en cause que l’Administration fiscale détermine le montant du droit dû sur le fondement des dispositions du CET.

Face à la confusion et aux difficultés constatées dans l’application de la disposition de l’alinéa 5 de l’article 279 du CET issue de la loi de finances gestion 2010, un retour à l’énoncé avant la modification de 2004 a semblé être la solution.

 Mais ce retour à l’ancienne disposition remet en cause la baisse du droit d’enregistrement des marchés consenti au secteur privé dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires.

 Aussi, désormais, les droits d’enregistrement des marchés seront liquidés sur le montant hors taxe.        

Exemple: 

Soit un marché de construction passible de la TVA dont le montant hors taxe s’élève à 100 900 000 FCFA. 

La base de la TVA                                    = 100 900 000 

TVA due                                                   = 100 900 000*18%=18 162 000 

La base du droit d’enregistrement           = 100 900 000 

Le droit d’enregistrement dû                   = 100 900 000*3%=3027000 

 

Extrait de la note n°2011/000073/MEF/SG/DGI/DLC/sl du 03/02/2011

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 13:57

Aux termes des dispositions de l’article 56 de la loi 008-2010/AN du 29/01/2010 portant création d’un impôt sur les sociétés, «l’impôt sur les sociétés (IS) donne lieu, au titre de l’exercice comptable en cours, au versement de trois acomptes provisionnels égaux calculés sur la base de 75% du montant de l’impôt dû au titre du dernier exercice clos, appelé exercice de référence. » 

Point de départ du payement des acomptes provisionnels

 Les entreprises sont soumises à l’IS au titre des résultats clos au 31/12/2010. Elles sont exonérées d’acomptes provisionnels au cours de l’année 2010. Les acomptes provisionnels sont dus pour la première fois au cours de l’année 2011.

 Période de référence

 Au cours de l’année 2011, les acomptes provisionnels seront liquidés sur les résultats du dernier exercice clos.        

Le premier étant dû au plus tard le 20 juillet 2011 (à cette date, le délai de déclaration des résultats de l’exercice clos au 31/12/2010 est expiré), l’exercice de référence est l’année 2010.

 Base de calcul des acomptes provisionnels

 L’impôt sur les sociétés donne lieu au titre de l’exercice comptable en cours au versement de trois (3) acomptes provisionnels égaux calculés sur la base de 75% du montant de l’impôt dû au titre du dernier exercice clos, appelé «  exercice de référence ».

 En ce qui concerne l’impôt dû, il peut s’agir de l’IS ou du minimum forfaitaire de perception en cas de déficit ou d’IS inférieur au minimum de perception.

 Exemple 1

 Au premier janvier 2011, le dernier exercice clos est celui de l’année 2010 (le premier acompte étant dû au 20 juillet 2011 sur le résultat de l’exercice 2010 qui est connu). L’impôt dû au titre de cet exercice servira de référence pour le calcul des acomptes à verser en 2011.

 Soit un impôt sur les sociétés de 75.000.000 de francs dû au titre de l’exercice 2010. La base de calcul des acomptes est: 75 000.000 x 75/100= 56.250.000

Montant de chaque acompte : 56.250.000/3=18.750.000 francs.

 Exemple 2

 Soit un résultat déficitaire et un minimum forfaitaire de perception s’établissant à 6.000.000 francs au titre de l’exercice clos au 31/12/2010. La base de calcul des acomptes est : 6.000.000x75/100=4.500.000 francs

Montant de chaque acompte : 4.500.000/3 =1.500.000 francs

 N B : Lorsque l’exercice de référence est d’une durée inférieure ou supérieure à un an, le montant des acomptes est calculé sur celui de l’impôt dû au titre dudit exercice rapporté à une période de douze (12) mois.

 Exemple 3

 Cas d’une entreprise dont la durée de l’exercice est de 18 mois avec un IS de 50.000.000 francs sur la période. La base de référence est : 50.000.000 x 12/18 = 33.333.333 francs. La base de calcul des acomptes est : 33.333.333x75%=24.999.999

Montant de chaque acompte : 24.999.999/3=8.333.333 francs.

 Exemple 4

 La base de calcul des acomptes est d’une durée de référence de 9 mois avec un impôt sur les sociétés de 30.000.000 sur la période. La base de référence est : 30.000.000 x 12/9 = 40.000.000 francs. La base de l’acompte : 40.000.000 x 75% = 30.000.000 francs

Montant de l’acompte = 30.000.000/3=10.000.000 francs 

N B : Les sociétés nouvellement créées sont dispensées du versement d’acomptes au cours de leur premier exercice. Celles nouvellement soumises à l’impôt sur les sociétés sont dispensées du versement d’acomptes au cours de l’exercice 2010.

 Versement des Acomptes

 Les paiements doivent être effectués spontanément auprès du receveur des impôts de rattachement suivant le calendrier ci-après :

 1er acompte au plut tard le 20 juillet 2011

2ème acompte au plus tard le 20 octobre 2011

3ème acompte au plus tard le 20 janvier 2012

 Imputation des acomptes provisionnels au dépôt de la déclaration annuelle

Les sociétés soumises à l’IS procèdent à la liquidation de l’impôt sur les sociétés dû au titre de l’exercice en tenant compte des acomptes versés pour ledit exercice.

 S’il résulte de cette liquidation un complément d’impôt, il est acquitté au plus tard dans le délai de déclaration.

 Si, la liquidation fait apparaître que les acomptes sont supérieurs à l’impôt dû, l’excédent versé est imputé sur les exercices suivants.

 N B : Cet excédent peut, à la demande du contribuable, être utilisé pour le paiement de tout autre impôt direct ou taxes assimilées dont il est par ailleurs redevable, conformément aux dispositions de l’article 57 de la loi précitée.

 

Extrait de l’IA n°2011-001/MEF/SG/DGI/DLC relative à la détermination des acomptes provisionnels en matière d’impôt sur les sociétés

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 12:17
PIECES CONSTITUTIVES D’UN DOSSIER DE P.U.H

- Demande Manuscrite timbrée à 300 FCFA (timbre communal)
- Original :
• du papillon d’Attribution ou
• de l’Attestation Attribution Provisoire ou
• de la fiche provisoire d’attribution ou
• autres
- Procès Verbal d’Evaluation ou Constat de mise en valeur
- Photocopie légalisée de la pièce d’identité :
• Carte d’Identité ou
• Passeport ou
• Permis de conduire ou
• Récépissé de reconnaissance ou
• Registre du commerce et statuts ou
• Autres
- Les reçus de paiement de la Taxe de Jouissance
- Les reçus de paiement de la Taxe de Résidence des trois (03) dernières années
- Un Timbre Communal de 5 000 FCFA
- Deux (02) Timbres Fiscaux de 200 FCFA
- Situation matrimoniale du demandeur

PIECES CONSTITUTIVES D’UN DOSSIER DE DEMANDE DE DUPLICATA DE P.U.H.

- Demande Manuscrite timbrée à 300 FCFA (timbre communal)
- Photocopie du PUH perdu (S’il y a lieu)
- Etat des Droits Réels
- Certificat de perte
- Procès Verbal d’Evaluation ou Constat de mise en valeur
- Photocopie légalisée de la pièce d’identité :
• Carte d’Identité ou
• Passeport ou
• Permis de conduire ou
• Récépissé de reconnaissance ou
• Registre du commerce et statuts ou
• Autres
- Les reçus de paiement de la Taxe de Résidence des trois (03) dernières années
- Un Timbre Communal de 5 000 FCFA
- Deux (02) Timbres Fiscaux de 200 FCFA
- Situation matrimoniale du demandeur

PIECES CONSTITUTIVES D’UN DOSSIER DE MUTATION/ DECES DE T U H (SUCCESSION)

- Demande Manuscrite timbrée à 300 FCFA ( timbre communal)
- Original
• du PUH ou
• de l’Attestation ou
• du Papillon d’Attribution Provisoire ou
• de la fiche provisoire d’attribution du défunt
- Procès Verbal d’Evaluation ou Constat de mise en valeur
- Copie légalisée de l’Acte de Décès
- Copie légalisée Procès Verbal de Conseil de Famille
- Copie légalisée Certificat d’Hérédité
- Certificat de Tutelle (s’il y a lieu)
- Certificat de non exigibilité ou d’exigibilité
- Les reçus de paiement de la Taxe de Jouissance (s’il y a lieu)
- Les reçus de paiement de la Taxe de Résidence des trois (03) dernières années (Héritier unique)
- Photocopie légalisée de la pièce d’identité :
• Carte d’Identité ou
• Passeport ou
• Permis de conduire ou
• Récépissé de reconnaissance ou
• Registre du commerce et statuts ou
• Autres
- Un Timbre Communal de 5 000 FCFA
- Deux (02) Timbres Fiscaux de 200 FCFA
- Situation matrimoniale du demandeur (Héritier unique)

PIECES CONSTITUTIVES D’UN DOSSIER DE MUTATION/VENTE

- Un imprimé de Mutation en 2 exemplaires dont un timbré à 200 FCFA ( timbre fiscal)
- La Photocopie Légalisée de la pièce d’Identité du Cédant (Vendeur)
• Carte d’Identité ou
• Passeport ou
• Permis de conduire ou
• Récépissé de reconnaissance ou
• Registre du commerce et statuts ou
• Autres
- La Photocopie Légalisée de la pièce d’Identité du Cessionnaire (Acheteur)
• Carte d’Identité ou
• Passeport ou
• Permis de conduire ou
• Récépissé de reconnaissance ou
• Registre du commerce et statuts ou
• Autres
- Copie du titre foncier ou original :
• du PUH ou
• du P E ou
• de l’A M D ou
• de l’Attestation d’Attribution (terrain nu dans le délai de mise en valeur)
- Le Procès Verbal d’Evaluation ou de constat de terrain nu
- Les reçus de paiement de la Taxe de Résidence des trois (03) dernières années des deux parties

PIECES CONSTITUTUVES D’UN DOSSIER DE DEMANDE D’ATTESTATION D’ATTRIBUTION.

- Demande Manuscrite timbrée à 200 FCFA (timbre fiscal)
- Original
• du papillon d’Attribution ou
• de la Fiche d’Attribution Provisoire
- Photocopie légalisée de la pièce d’identité :
• Carte d’Identité ou
• Passeport ou
• Permis de conduire ou
• Récépissé de reconnaissance ou
• Registre du commerce et statuts ou
• Autres
- Les reçus de paiement de la Taxe de Jouissance
- Les reçus de paiement de la Taxe de Résidence des trois (03) dernières années
- Un (01) Timbre Fiscal de 400 FCFA
- Situation matrimoniale du demandeur

PIECES CONSTITUTIVES D’UN DOSSIER DE DEMANDE DE DUPLICATA D’ATTESTATION D’ATTRIBUTION.

Demande Manuscrite timbrée à 200 FCFA (timbre fiscal)
- Photocopie de l’Attestation d’Attribution (S’il y a lieu)
- Certificat de perte
- Etat des Droits Réels
- Photocopie légalisée de la pièce d’identité :
• Carte d’Identité ou
• Passeport ou
• Permis de conduire ou
• Récépissé de reconnaissance ou
• Registre du commerce et statuts ou
• Autres
- Les reçus de paiement de la Taxe de Résidence des trois (03) dernières années
- Un (01) Timbre Fiscal de 400 FCFA
- Situation matrimoniale du demandeur

PIECES CONSTITUTIVES D’UNE DEMANDE DE TITRE FONCIER

- Demande en doubles exemplaires dont un timbré à 1 000 FCFA ( timbre fiscal)
- Procès Verbal d’évaluation
- Deux (02) photocopies légalisées de la pièce d’identité :
• Carte d’Identité ou
• Passeport ou
• Permis de conduire ou
• Récépissé de reconnaissance ou
• Registre du commerce et statuts ou
• Autres
- L’original du Titre :
• PUH ou
• Permis d’Exploiter ou
• Arrêté de mise à disposition ou
• Attestation d’attribution ou
• Autres. NB : Minimum de mise en valeur
- Terrain à usage d’habitation : 30 x X (la Taxe de Jouissance en vigueur).
- Terrain à usage autre que d’habitation : 15 x X (la Taxe de Jouissance en vigueur).
- Terrain à usage agricole et pastoral : 20 x X ( la Taxe de Jouissance en vigueur).

PIECES CONSTITUTIVES D’UN DOSSIER DE DEMANDE DE TERRAIN A USAGE AUTRE QUE D’HABITATION

- Demande sur imprimés timbre à 1 000 FCFA (timbre fiscal)
- Deux (02) photocopies légalisées de la pièce d’identité :
• Carte d’Identité ou
• Passeport ou
• Permis de conduire ou
• Récépissé de reconnaissance ou
• Registre du commerce et statuts ou
• Autres
- Un extrait cadastral orienté au Nord en quatre (04) exemplaires ou un plan de situation en quatre (04) exemplaires
- Un croquis d’implantation en quatre (04) exemplaires
- Un Devis Descriptif en quatre (04) exemplaires des investissements à réaliser sur le terrain.
- Un Devis Estimatif en quatre (04)
- Les reçus de versement de la Taxe de résidence des trois dernières années.
- Un p v de palabre (s’il y a lieu) NB : états navettes

PIECES CONSTITUTIVES D’UN DOSSIER DE DEMANDE D’EVALUATION OU DE CONSTAT DE MISE EN VALEUR

- Demande sur imprimé timbré à 200f Cfa ( timbre fiscal) ou réquisition timbrée à 1000f cfa ( timbre fiscal)
- Photocopie du Titre d’occupation :
• PUH ou
• Permis d’Exploiter ou
• Arrêté de mise à disposition ou
• Attestation d’attribution ou
• Autres.

PIECES CONSTITUTIVES D’UN DOSSIER DE DEMANDE D’ETAT DE DROITS REELS

- Réquisition timbrée à 1000 fcfa ( timbre fiscal)
- Photocopie du Titre d’occupation (s’il y a lieu)
• PUH ou
• Permis d’Exploiter ou
• Arrêté de mise à disposition ou
• Attestation d’attribution ou
• Autres.

PIECES CONSTITUTIVES D’UN DOSSIER DE DEMANDE DE BORNAGE DE TERRAIN

- Demande sur imprimé timbré à 200fcfa (timbre fiscal) 
- Photocopie du Titre d’occupation : 
• PUH ou 
• Permis d’Exploiter ou 
• Arrêté de mise à disposition ou 
• Attestation d’attribution ou 
• Autres.

Source : Direction Générale des Impôts

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 10:47

La notion de système fiscal cédulaire

Ce type d’imposition consiste à soumettre chaque catégorie de revenus (ou cédules) à un impôt dont les règles d’assiette, les taux et les modalités de recouvrement sont adaptés à la nature du revenu et tiennent compte de ses caractéristiques.

Le système d’imposition cédulaire a pour corollaire la diversité des impôts en relation avec les différentes catégories de revenus que l’impôt appréhende

Les impôts directs

- Impôt sur les Bénéfices Industriels, Commerciaux et Agricoles (BIC) ; 
- Impôt sur les Bénéfices des professions non Commerciales (BNC) ; 
- Impôt Unique sur les Traitements et Salaires (IUTS) 
- Impôt sur les Revenus des Valeurs Mobilières (IRVM) 
- Impôt sur le Revenu des Créances, dépôts et cautionnements (IRC) 
- Impôt sur les Revenus Fonciers (IRF) 
- Contribution des patentes 
- Taxe des Biens de Mainmorte (TBM) 
- Taxe sur les Plus-values Immobilières (TPVI) 
- Taxe Patronale et d’Apprentissage (TPA) 
- Taxe de résidence

Les impôts sur la propriété

- Droits d’Immatriculation et d’Inscription Foncières (DIIF) 
- Droits de Mutation (DM) 
- Droits de Succession (DS) 
- Droits de Donation (DD) 
- Droits d’enregistrement

Les taxes sur les biens et services

- Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) 
- Taxes Sur les Boissons de fabrication locale (TSB) 
- Taxe sur les tabacs, cigares et cigarettes (T/Tabacs) 
- Contribution du Secteur Boissons (CSB) 
- Contribution du Secteur Informel (CSI) 
- Contribution du Secteur Elevage (CSE) 
- Taxe Sur les Contrats d’Assurance (TSCA) 
- Taxe sur les jeux de hasard 
- Licence des boissons à consommer sur place 
- Droits de Timbre (DT) 
- Taxe de Développement Touristique (TDT) 
- Taxe sur les produits pétroliers (TPP) 
- Taxe sur le café et le thé 
- Taxe intérieure sur les colas 
- Taxe de transit sur le bétail 
- Taxe sur les armes 
- Taxe de soutien au développement des activités audiovisuelles 
- Taxe de voirie 
- Taxe de balayage 
- Taxe de développement communal

Les taxes domaniales et foncières

- Taxe de Jouissance (T/J)

Source : site officiel de la Direction Générale des Impôts

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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 11:01

Il s’agit de se demander pourquoi une personne désireuse de créer une entreprise choisit la forme sociétaire plutôt que la forme individuelle ou encore, pourquoi le propriétaire d’une entreprise individuelle décide de la mettre en société.  Le plus souvent, la décision résulte de la volonté de pallier les insuffisances de l’entreprise individuelle, tant du point  de vue juridique, économique, financier et même fiscal.

A/ Les avantages juridiques

Ces avantages résident essentiellement dans la séparation du patrimoine social de celui des associés. L’entreprise individuelle s’identifie totalement à la personnalité de son créateur : d’où une confusion des patrimoines civils et commerciaux et un engagement des biens personnels de l’entrepreneur. Pour peu que ce dernier soit marié sous le régime de la communauté universelle, le patrimoine conjugal peut aussi être mise en cause.

L’abandon de la forme d’entreprise individuelle, personne physique au profit de la forme sociétaire permet de répartir entre les associés (lorsque celle-ci est pluripersonnelle) le risque produit par les activités économiques et même, de le limiter en le faisant supporter seulement sur le patrimoine de la société. En effet, la responsabilité de chaque  associé est limitée à son apport, excluant ainsi ses biens propres. Bien évidemment, il convient d’éviter le recours à la SNC dont les membres répondent indéfiniment et solidairement  du passif social et subissent les effets de l’ouverture d’une procédure collective à l’égard de la personne morale. En outre, si dans l’entreprise individuelle, le décès du commerçant s’accompagne fréquemment de la disparition de l’exploitation qui tombe en indivision et devient de ce fait difficile à gérer, la société permet généralement à l’inverse d’assurer la pérennité de l’entreprise.

B/ Les avantages économiques et financiers

Si l’activité et les ressources d’un seul individu suffisent dans la plupart des cas pour créer une entreprise qui ne nécessite pas au départ de gros investissements, le développement de celle-ci exige une augmentation des sommes engagées et un recours au crédit bancaire. En général, la société peut trouver plus aisément des capitaux que l’entreprise individuelle. Ainsi, peut-elle faire appel aux ressources des différents associés qui sont souvent plus importantes que celles d’une seule personne.

A ceci, il faut ajouter que certaines personnes, sans pour autant devenir associées, mais étant intéressées à l’affaire, fournissent à la société sûreté personnelle (cautionnement) ou réelle (hypothèque) ou les deux (cautionnement réel), indispensables à l’obtention de crédits bancaires, lorsque la société ne comprend que des associés dont la responsabilité est limitée à leurs apports (SARL, SA) ou n’offre pas une garantie financière suffisante, bien que  la responsabilité de ses membres soit indéfinie et  solidaire (associés de SCN, commandités de la SCS). Il apparaît donc que les crédits sont plus aisément octroyés par les banques à plusieurs personnes qu’à une seule, lorsque les garanties offertes sont plus importantes.

C/ Les avantages fiscaux

La mutation de l’entreprise individuelle en entreprise sociétaire est souvent commandée par des motifs fiscaux ou de sécurité sociale. L’option en faveur de telle forme sociétaire est également déterminée par la politique fiscale de l’Etat au profit de tel ou tel groupement.

Dans l’entreprise individuelle, la totalité du bénéfice est soumise à l’impôt sur le revenu (bénéfice industriels et commerciaux) et subit les effets de la progressivité de l’impôt. Les entreprises doivent nécessairement dégager des profits afin d’assurer un autofinancement, condition de leur survie. Le taux maximum de l’impôt sur le revenu est rapidement atteint et la ponction fiscale est d’une ampleur telle, qu’elle paralyse tout autofinancement. De plus l’exploitant ne peut pas déduire fiscalement la rémunération de son travail car le bénéfice du salaire fiscal ne lui est pas reconnu. Les sommes qu’il prélève au cours de l’année dans la caisse de l’entreprise ne constituent pas une dépense déductible du revenu ou du bénéfice. Compte tenu de son caractère progressif, l’impôt devient très lourd si l’entrepreneur réalise d’importants bénéfices.

Dans l’entreprise sociétaire, le régime fiscal varie suivant le type de société adopté. Les sociétés de personnes ont un statut fiscal identique aux entreprises individuelles et relèvent de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, sauf si elles optent pour le régime de l’impôt sur les sociétés. Dans les sociétés de capitaux et dans les SARL, les bénéfices sont d’abord  frappés de l’impôt sur les sociétés, puis lorsqu’ils sont distribués sous forme de dividendes aux associés, ils constituent pour chacun d’eux un revenu imposable.

Ce système de double imposition paraît lourd. En réalité, il est tempéré de plusieurs façons. Les rémunérations des dirigeants sociaux, si elles correspondent à un travail effectif et ne sont pas excessives eu égard aux services rendus, revêtent le caractère de charges déductibles et allègent d’autant l’assiette de l’impôt sur les sociétés. Pareillement, les dépenses professionnelles des dirigeants sont intégrées dans les frais généraux. Pour leur propre impôt sur le revenu, les dirigeants  sociaux sont assimilés,   à des salariés, même s’ils n’ont pas de contrat de travail avec la société.


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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 11:29

Traditionnellement, on parlait de la division des moyennes entreprises au sein de la direction générale des Impôts et certains constats faits font ressortir que la structure pouvait être améliorée en l’érigeant en direction et en changeant ses configuration et organigramme en vue d’un meilleur rendement de l’impôt qu’elle gère. C’est dans ce sens que s’est tenue le 13 octobre dernier, une session de formation pour permettre aux agents de cette structure basée à Ouagadougou de s’approprier leurs activités.

Le coordonnateur du groupe de travail de la modernisation des directions des moyennes entreprises (DME), Béma Badoua Bani, directeur régional des Impôts du Centre explique que ce ne sont plus les activités traditionnelles où chacun faisait en même temps plusieurs boulots. Maintenant, il s’agit de spécialiser chaque acteur afin qu’il se consacre à ce qu’il a à faire et ne pas perdre des énergies dans l’objectif d’un meilleur rendement. Ainsi, cette session a permis de présenter aux participants la nouvelle organisation ; de partager avec eux les innovations introduites dans le cadre de la modernisation de la DME ; de susciter l’adhésion des acteurs pour une meilleure appropriation et application des modifications entreprises ; d’échanger sur les préoccupations des acteurs dans le cadre de la mise en route de la nouvelle structure.

Le directeur général des Impôts, Pr Filiga Michel Sawadogo a relevé que si la majeure partie des contribuables de la direction des grandes entreprises accomplissent de manière volontaire et régulière leurs obligations fiscales, il n’en est pas de même pour ce qui est des moyennes entreprises. Il indique que l’amélioration de leur comportement suggère la mise en place de programmes articulés autour de deux axes complémentaires. Il s’agit d’une part, de la mise en œuvre d’une stratégie de promotion, de facilitation et d’encouragement au respect des obligations fiscales et d’autre part, du renforcement des capacités de l’administration à contraindre les contribuables inciviques.

Ce sont les faiblesses constatées qui ont conduit à la mise en place de nouvelles structures afin de répondre aux exigences d’une administration fiscale moderne. Cela est le résultat d’un groupe de travail et à l’issue de ses travaux et conformément au chronogramme adopté, la nouvelle DME est opérationnelle depuis le 1er octobre dernier. Au sujet des innovations au service d’assiette, Béma Badoua Bani fait savoir que les bureaux d’accueil avaient été développés mais leur approche était insuffisante et il a été créé le service des contribuables qui s’occupera véritablement d’eux tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, en allant vers ces derniers pour s’enquérir des nouvelles.

Le pays

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 13:19

Il est l’un des meilleurs fiscalistes du Burkina. Auteur et enseignant s’appuyant sur la pratique fiscale, le Pr Filiga Michel Sawadogo a sans conteste une large connaissance et une grande expérience de la fiscalité burkinabè et comparée. Nommé à la tête de la direction générale des Impôts, il nous explique dans cette interview sa vision d’ensemble de l’impôt qui doit être, selon lui, juste, équitable et supportable aussi bien pour l’entreprise que pour le contribuable ordinaire.

Sidwaya (S) : Vous venez d’être porté à la tête de la direction générale des Impôts. Vous êtes Professeur titulaire de Droit à l’Université de Ouagadougou mais aussi et surtout, auteur de plusieurs publications sur la fiscalité burkinabè. A ce titre, vous avez une large connaissance de l’administration fiscale. En quoi ce riche et brillant parcours constitue un atout pour la réussite de votre mission ?

Pr Filiga Michel Sawadogo : Je suis un peu un touche-à-tout en matière de droit : non seulement le droit privé dont je suis le premier et unique agrégé jusqu’à présent (j’espère que ça va changer bientôt), le droit des affaires et surtout la fiscalité que l’on définit comme une matière de droit public baignant dans le droit privé. Je m’intéresse aussi à des matières relevant purement du droit public comme le droit constitutionnel. Dans l’enseignement de la fiscalité, j’étais régulièrement en contact avec certains cadres de l’administration fiscale.

La fiscalité est une matière technique et complexe. Sur les bancs de l’université, beaucoup d’étudiants s’en détournent du fait des calculs à faire bien que tous s’en émerveillent. Du côté des enseignants, très peu s’y risquent. Enseigner la fiscalité, ou précisément le droit fiscal, ce n’est pas seulement parler de l’impôt, le critiquer…, c’est aussi calculer le montant de l’impôt dû dans différentes situations, ce qui fait appel bien sûr au droit, particulièrement au droit des affaires, mais aussi souvent à la comptabilité. Les défis qui se présentent à nous sont de deux ordres.

Premièrement, il s’agit de faire assurer à l’impôt ses trois fonctions : la fonction financière qui est d’assurer des ressources à l’Etat, ce qui passe par l’accroissement des recouvrements ; elle est certainement la plus importante ; la fonction économique qui implique que l’impôt ne nuise pas à la création et à la croissance des entreprises et que, bien au contraire, elle les promeuve ; la fonction sociale qui est de contribuer à réduire les inégalités sociales, de sorte que l’écart après impôt soit moins important que celui avant impôt.

Deuxièmement, il s’agit de la gestion des ressources humaines. Il faut travailler à instaurer une unité de corps au sein de la maison DGI pour réaliser ensemble les objectifs qui lui sont assignés. Comme dans toute activité, le rôle des hommes est premier. Il faut leur donner un moral de gagnant mais cela doit s’accompagner de l’amélioration des conditions de travail et d’intéressement.

Quelles sont vos priorités à la tête de l’administration fiscale ?

L’on peut dire que la priorité est de faire croître les recouvrements d’au moins 10% par an et plus si les conditions le permettent. Pour cela, il faut réussir à mobiliser tous les agents des impôts mais aussi les contribuables. Vis-à-vis de ces derniers, il y a lieu d’œuvrer à ce que les impôts soient bien compris, acceptés et payés par tous, ce qui en facilitera grandement le recouvrement.

Les contribuables ne semblent pas satisfaits de leur système fiscal. Faut-il le réformer en profondeur ?

Dans l’ensemble, le système fiscal burkinabè, après les grandes réformes de janvier et d’avril 2010, est satisfaisant, même s’il ne faut pas dormir sur ses lauriers, des améliorations étant toujours possibles. Il faut absolument éviter le changement incessant des textes qui créent une sorte d’insécurité juridique.

Dans presque tous les pays du monde, les citoyens considèrent que le système fiscal en vigueur est mauvais ; généralement on le trouve écrasant, inutilement complexe et coûteux, inique, inefficace… Selon MM. Lucien Mehl et Pierre Beltrame, auteurs célèbres, ces reproches sont, le plus souvent largement exagérés. Ils considèrent que « l’idée qu’un système fiscal pourrait être simple, parfaitement équitable, aisément supportable, tout en étant de rendement élevé est une pure chimère ».

Cette perception négative de l’impôt fait espérer au public une réforme fiscale miracle, une réforme qui viendrait guérir la fiscalité de tous ses maux. Or, selon les mêmes auteurs, dont l’opinion est loin d’être isolée au sein de la doctrine, « en dehors de circonstances tout à fait exceptionnelles, une réforme fiscale générale, substituant sans transition un système fiscal profondément différent au système en vigueur, n’est ni possible ni souhaitable ».

Quelle est votre stratégie pour l’amélioration de la collecte de l’impôt et des taxes et surtout pour instaurer un civisme fiscal ?

La stratégie en la matière implique la communication en direction de tous les contribuables et redevables, entreprises comme particuliers, et pour cela la presse constitue un vecteur essentiel. Des actions dans ce sens ont été conduites au début de l’année 2010. Il s’agit par les actions de communication, qui doivent être régulières, de faire connaître pour chaque impôt, les règles et mécanismes fiscaux, les personnes imposables, les produits imposables, le taux, le barème ou le tarif applicables, les délais de recouvrement, les sanctions applicables en cas de défaillances, etc.

Nous allons sensibiliser les contribuables sur le caractère nécessaire et inévitable de l’impôt : nécessaire parce que l’Etat moderne ne peut se passer de l’impôt ; inévitable parce que si l’administration fiscale est bien organisée, elle doit pouvoir mettre la main sur les contribuables qui, volontairement ou non, ne remplissent pas leurs obligations fiscales.

Il est indéniable que les seules actions de sensibilisation ne suffiront pas à instaurer le civisme fiscal, qui est la qualité morale du contribuable qui, volontairement et dans les délais, s’acquitte de ses obligations fiscales. Il faut associer à la sensibilisation, les actions coercitives prévues par la loi, en l’occurrence les sanctions comme les pénalités dont le montant s’ajoute à celui de l’impôt, la fermeture de l’entreprise ou même l’emprisonnement du contribuable en cas de fraude caractérisée.

Mais, il faut dire que nous utilisons ces moyens avec beaucoup de modération. Il ne s’agit pas de passer par la contrainte mais d’amener progressivement le contribuable à comprendre l’importance de l’impôt. Il s’agit aussi de faciliter la réinsertion fiscale des contribuables qui sont en situation irrégulière et qui souhaitent rejoindre le « droit chemin » fiscal et y rester.

Quelle est la nomenclature des contribuables ?

On peut dire qu’il y a trois grands types de contribuables : d’un côté, les grandes entreprises, au nombre de 600 actuellement ; elles fournissent environ 85% des recettes fiscales ; de l’autre, les moyennes entreprises ; enfin, le secteur informel et les simples particuliers. Deux directions spécialisées s’occupent l’une des grandes entreprises, l’autre des moyennes entreprises. C’est surtout du côté de ces dernières et du secteur informel qu’il reste des marges de progression.

Justement, les acteurs du secteur informel et certains citoyens considèrent que le fisc les piétine, que l’impôt les étouffe... Que répondez-vous à ces détracteurs de l’impôt et de l’administration fiscale ?

Les impôts n’ont pas été établis pour étouffer les contribuables comme ceux qui mènent de petites activités. Ce serait tuer la poule aux œufs d’or. Bien au contraire, la fiscalité veut les aider à grandir et à se formaliser, ce qui est plus rentable pour le fisc. Tout le monde gagnerait à mieux intégrer la dimension fiscale : l’impôt est une charge pour l’entreprise et non une simple faculté dont on s’acquitte quand il reste de l’argent après toutes les dépenses.

Le secteur informel est assez dense mais très difficile à taxer. C’est l’un des grands problèmes de l’administration fiscale. Comment améliorer le comportement des contribuables qui perçoivent très mal l’impôt ?

C’est une tâche délicate. Il s’agit véritablement d’un défi à relever. Pour identifier les personnes imposables et la matière imposable, il faut sillonner l’ensemble du pays, principalement les quartiers des grandes villes. Techniquement, on parle de recensement. Ces opérations doivent être régulières et suivies de contrôles pour connaître l’évolution de la situation. Peut-être que la petite entreprise est devenue une moyenne, voire une grande entreprise. Il faut que les contrôles soient réguliers.

On peut toujours sensibiliser sur la nécessité de payer l’impôt, mais on ne peut pas compter que les citoyens aient de la joie à payer leurs impôts. L’impôt, c’est la « chirurgie du portefeuille », une chirurgie sans anesthésie. Pour illustrer ce phénomène de l’impôt mal aimé, un auteur donne l’image suivante : en France, au 17e siècle, quand payer ses impôts était un signe d’honorabilité et conférait le droit de vote, le contribuable mettait son habit du dimanche pour aller payer ses impôts alors que celui du 21e siècle mettrait plutôt sa tenue de combat, s’il ne disparaît purement et simplement.

Quelles mesures proposez-vous pour inciter les acteurs du secteur informel à se formaliser ?

Des réflexions sont en cours pour réformer la contribution du secteur informel. Si elle aboutit, chaque acteur du secteur devra tenir une comptabilité minimale mentionnant les encaissements et les décaissements.

Cela permettra de connaître le chiffre d’affaires réalisé et l’évolution du montant de l’impôt en fonction de l’évolution des affaires, ce qui préparerait les intéressés à évoluer vers le secteur formel et accroîtrait les ressources fiscales au bénéfice des collectivités territoriales. Mais toute la question sera de faire tenir effectivement cette comptabilité minimale et qu’elle soit fiable.

Oui mais, il n’empêche que certains opérateurs ne présentent pas le même chiffre d’affaires au service des Impôts et dans les banques. Lorsqu’ils doivent négocier un prêt, c’est plutôt un chiffre d’affaires mirobolant mais dès qu’il s’agit des Impôts, ils disent que leurs affaires ne marchent pas... Comment comptez-vous combattre de tels comportements anti-impôts ?

Vous avez raison, c’est une réalité malheureusement. On présente une situation financière reluisante à la banque pour avoir des crédits, mais aux impôts, même « quand tout baigne », on dit que rien ne va, pour ne rien payer ou payer un petit forfait.

La technique fiscale dans ce cas permet de faire des recoupements avec la situation d’entreprises similaires et de recourir à tout moyen d’information : avec la douane, on peut avoir des données sur les importations de l’opérateur économique ; on peut avoir également les marchés conclus avec l’Etat ou des entreprises et établissements publics parce qu’ils sont communiqués au fisc.

Il y a d’autres sources d’information. Quand la situation est grave, la loi permet de recourir aux signes extérieurs de richesses qui vont servir de base à l’établissement de l’impôt du contribuable fraudeur : valeur locative des villas, voitures, aéronefs, voyages à l’étranger, etc.

Comment justement changer la mauvaise image que certains commerçants ont à l’endroit des impôts ?

Il faut simplement que l’impôt soit économiquement sain et socialement juste et accepté comme tel par les contribuables et que le gouvernement veille, et il le fait effectivement, à ce que le produit de l’impôt soit utilisé à bon escient.

Quel partenariat entretient la DGI avec la douane et d’autres services de l’Etat ?

La douane et les impôts en tant que régies de recettes s’occupent des mêmes réalités. Il s’agit d’opérer des prélèvements d’argent au profit de l’État. Les impôts s’occupent de la fiscalité intérieure et la douane de la fiscalité de porte. C’est tout à fait normal que l’on collabore. Lors des importations, la douane perçoit non seulement les droits et taxes de douane mais également les impôts y afférents tels que la TVA.

D’ailleurs, notre collaboration a donné lieu à la création d’une brigade mixte de contrôle (BMC) composée d’agents des impôts et de la douane. Si cette Brigade constate lors de ces contrôles qu’il y a des marchandises qui n’ont pas été dédouanées et qui n’ont pas subi d’impôts, elle a toutes les compétences techniques pour traiter le problème.

La collaboration existe également avec la Coordination nationale de lutte contre la fraude, le Trésor, la Direction générale des marchés publics et les autres directions du ministère de l’Economie et des Finances. La collaboration revêt une grande importance en ce qu’elle permet d’avoir des informations utiles à l’établissement et la gestion de l’impôt.

L’UEMOA impose ou recommande que les Etats membres fassent monter la pression fiscale à un taux de 17%. Actuellement le Burkina n’en est pas là. Dans votre politique, qu’est-ce que vous prévoyez pour atteindre ce taux ?

Notre pression fiscale tourne autour de 12% alors que l’UEMOA recommande d’atteindre un taux de 17%. Cela fait des années que l’on est à ce taux. Peut-être que tous les éléments entrant dans la détermination de ce taux ne sont pas pris en compte. C’est là une préoccupation du gouvernement et particulièrement du ministère de l’Economie et des Finances.

Pourquoi cette stagnation au taux de 12% ?

Parce que tous ceux qui doivent payer les impôts ne le font pas. Si on calculait le taux de pression fiscale par rapport aux seules grandes entreprises, la situation serait largement meilleure. Nous devons consentir encore des efforts pour convaincre les contribuables de mauvaise volonté, notamment les particuliers et le secteur informel, à s’acquitter de leurs impôts. C’est une tâche de longue haleine.

Il faudrait adopter des mesures incitatives pour que chacun reconnaisse le bien- fondé de l’impôt. La tendance justement depuis une dizaine d’années est de diminuer les taux. La diminution des taux doit s’accompagner de l’élargissement de l’assiette, ce qui n’est pas encore le cas.

Pour ce qui est de l’accompagnement de la décentralisation qui passe par la déconcentration des services, il faut que la déconcentration réalisée soit financièrement rentable : par exemple, placer un agent des impôts dans chaque village coûterait nettement plus cher que ce que ça va rapporter.

Disposer d’une représentation au bon endroit permet de couvrir le terrain, de découvrir et d’appréhender de nouvelles matières imposables. À l’heure actuelle, on a les directions régionales qui ont été mises en place depuis longtemps dans sept régions. Les six autres régions seront pourvues prochainement d’une équipe de direction. Au niveau des provinces, il y a des divisions fiscales. Pour une question d’adaptation, ces divisions fiscales deviendront des directions provinciales des impôts dans toutes les 45 provinces.

Quels sont les impôts ou les taxes les plus mal recouvrés ?

C’est une question délicate : si l’impôt n’est pas recouvré, c’est en général parce que l’on ignore l’existence de la matière imposable. En recourant à certaines méthodes, on peut penser à la taxe de résidence, à l’impôt sur le revenu foncier, à la taxe de jouissance, à la taxe de développement communal... On remarque que la plupart sont des impôts locaux.

Avec la crise économique, beaucoup de pays donateurs annoncent un gel de leur Aide publique au développement (APD) sur la période de 2011 à 2013. C’est le cas de la France, confirmant les incertitudes sur les APD émises par les organismes de recherche comme l’OCDE. Cette conjoncture pose l’épineux problème de la mobilisation des ressources internes pour financer le développement. De quel moyen de pressions dispose la DGI pour collecter l’impôt auprès d’un large éventail d’agents économiques ?

Le principal moyen dont dispose la DGI, c’est son personnel. Celui-ci se compose d’inspecteurs, de contrôleurs, d’agents d’assiette... en plus des personnels d’appui (secrétaires et chauffeurs principalement) ainsi que les moyens juridiques que sont les prérogatives que la loi reconnaît aux agents et responsables des impôts. Elle dispose aussi de moyens de locomotion (véhicules automobiles, motos) en nombre insuffisant. L’impôt ne se trouve pas à la DGI, il est sur le terrain.

Les communes nous soutiennent dans la collecte des impôts locaux. A Ouagadougou, une cinquantaine d’agents recrutés par le maire sont mis à disposition de la DGI. Il faut reconnaître que les moyens de travail (carburant, véhicules, consommables, ordinateurs, connexions Internet, etc.) sont insuffisants mais le ministre de l’Economie et des Finances a promis de faire un effort pour booster les recouvrements. Les actions seront dynamisées.

Nous avons effectué la visite des différents services de Ouagadougou pour galvaniser les agents. Par la suite, ce sera le tour des autres localités. Concernant les partenaires au développement, couramment appelés les bailleurs de fonds, leur exigence est que les populations elles-mêmes contribuent à leur développement. On ne peut pas vous aider pendant que vous-même, vous ne fournissez pas d’efforts significatifs. C’est dire que plus les impôts rentrent, plus on a de chance de recevoir de l’aide.

Quelles sont vos stratégies pour mettre la main sur les fraudeurs ?

La fraude fiscale est contraire à la loi, interdite et de ce fait sanctionnée. Il faut que l’on arrive à convaincre les gens qu’ils n’ont pas intérêt à frauder, car on travaillerait contre soi-même et contre son pays. Sans l’État, sans la sécurité, sans l’éducation, peut-être que l’entreprise elle même n’existerait pas. De toute façon, tôt ou tard, l’on découvrira que vous fraudez. Et si on se fait prendre, on est « cuit ».

Les fraudes volontaires seront sévèrement sanctionnées et les contribuables le savent puisqu’ils sont prévenus. Il faut que chacun prouve sa disposition à payer les impôts. Ce n’est pas nous qui prévoyons les sanctions. Elles sont prévues par la loi qui est elle-même votée par le Parlement composé de représentants du peuple. La loi s’imposant à tous, nous ne pouvons pas décider de sa non-application, autrement nous serons sanctionnés de n’avoir pas sévi.

En quoi l’élargissement de la base imposable et donc de l’assiette fiscale peut être une réponse au financement du développement pour un pays largement dépendant de l’aide publique comme le Burkina Faso ?

Malgré l’action de la fiscalité, on a toujours besoin de l’aide. Cela donne une plus grande marge au gouvernement pour mener sa politique de développement et d’amélioration de conditions de vie des populations. Pour augmenter le montant résultant de l’impôt, il faut soit augmenter le taux, soit élargir l’assiette, soit faire les deux à la fois. Au niveau de l’UEMOA et du Burkina, on n’augmente pas les taux d’imposition, bien au contraire, ceux-ci ont connu plusieurs baisses successives.

Il ne faut pas perdre de vue que l’impôt doit être supportable pour les entreprises. L’élargissement effectif de l’assiette doit compenser la baisse de recettes qu’entraîne la baisse des taux. Elargir l’assiette, c’est amener chacun à contribuer à un taux qui soit moins élevé. La réunion des recettes recueillies auprès de chacun permet à l’État d’avoir ses moyens d’action. Ce sont les petits marigots qui font les grandes rivières. C’est antiéconomique d’augmenter les taux au point d’anéantir les entreprises car on causerait leur perte. La baisse des taux vise à encourager ceux qui ne contribuent pas jusque-là à le faire.

Il n’est donc pas question d’instituer de nouvelles taxes et impôts ?

Il n’en est pas du tout question. Pour un impôt qui est recouvré à 30% (NDLR : cas de l’IRF ou de la taxe de résidence), élargir l’assiette revient à recouvrer les 70% restants. A ce moment, vous aurez élargi l’assiette dans la pratique. Ce n’est pas en votant une nouvelle assiette, un nouvel impôt, mais en faisant en sorte que l’impôt atteigne son objectif initial. Et c’est cela l’action principale : il faut en quelque sorte démocratiser l’impôt. La création d’un nouvel impôt ou taxe n’est cependant pas à banir si une nouvelle activité apparaît ou si une ancienne activité non imposée se révèle apte à supporter l’impôt sans dommage.

Pour finir, qu’est-ce que la DGI, première régie financière du Burkina, rapporte au budget de l’Etat ?

A titre d’exemple, si on analyse les données de 2009, les réalisations ont augmenté de 40 milliards, soit 17,5% par rapport à 2008. En 2010, les tendances actuelles laissent croire qu’on sera en fin d’année à encore plus de 40 milliards d’accroissement par rapport à 2009, soit 310 milliards, ce qui a priori et objectivement est appréciable. Les agents devraient en être félicités si ces tendances se confirment en fin d’année.

Interview réalisée par

Saturnin N. COULIBALY

et Elodie TAPSOBA

(stagiaire)

Des recouvrements nets de la DGI (en FCFA) :
2005 : 178 280 011 529 F 2006 : 186 892 992 699 F 2007 : 212 499 747 882 F 2008 : 226 761 289 318 F 2009 : 266 543 881 092 F

Source : sidwaya.bf

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 18:27
Depuis quelques semaines, la Direction générale des impôts est en guerre contre les entreprises qui n’honorent pas leurs engagements vis-à-vis du fisc. Les fins limiers des différentes divisions fiscales multiplient des contrôles inopinés dans les boîtes pour distribuer de bons et de mauvais points. Mais comme ils devaient s’y attendre, le nombre de mauvais élèves est malheureusement encore supérieur à celui des bons. Ils sont légion, les entrepreneurs, commerçants et autres opérateurs, à se faire prendre en flagrant délit de non-paiement des sommes dues au Trésor public, de non-reversement de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ou encore des cotisations sociales dues à leurs employés.

L’incivisme fiscal a la peau dure au Faso. La gangrène semble difficile à éradiquer, et pour cause. Si l’on peut se féliciter de la volonté du pasteur Testicus Zorro de mettre de l’ordre dans les Finances publiques et d’imposer une certaine discipline dans l’environnement des affaires, force est de constater que les mauvaises habitudes qui persistent de chaque côté ne lui facilitent pas du tout la tâche. La grande majorité des opérateurs économiques du Burkina n’a pas encore intégré le paiement des impôts et des différentes taxes dues au fisc comme une obligation dont ils doivent obligatoirement et volontairement s’acquitter.

Ils préfèrent toujours feinter l’Etat plutôt que d’honorer leurs engagements. Et lorsqu’adviennent les contrôles, ils usent de toutes les astuces imaginables pour ne pas payer ce qu’ils doivent. Les tactiques les plus usitées en la matière restent la falsification des documents comptables et la corruption des agents des Impôts. C’est peu de dire que la comptabilité de beaucoup d’entreprises qui font des affaires dans le pays ne respecte pas toujours les règles éthiques. Entre les comptes qui sont présentés aux contrôleurs des impôts et la réalité des recettes et des charges de l’entreprise, le fossé est parfois abyssal. La transparence n’est pas encore la chose la mieux partagée. Le sport favori est de brouiller le plus possible les pistes afin de continuer à gagner beaucoup d’argent tout en payant très peu d’impôts. C’est un jeu de cache-cache quasi institutionnalisé qui s’est installé dans les rapports entre les entreprises et la Direction générale des impôts.

Dans ce jeu, qui devient logiquement malsain, ce sont les plus malins qui se sucrent le plus. Conscients que les entreprises ne respectent pas toujours les règles, certains agents du ministère de l’Economie et des Finances n’hésiteraient pas à exploiter cette faille pour empocher des sommes indues afin, diraient-ils, d’effacer les ardoises ou de fermer les yeux. Ainsi sont nées les brebis galeuses qui s’enrichissent en un temps deux mouvements, bâtissent des villas somptueuses à Wagda 2000, roulent dans les grosses cylindrées alors qu’ils ont à peine 5 années de carrière et que leurs salaires n’ont connu aucune avancée substantielle. La situation de ces agents qui s’enrichissent subitement est du reste connue de leurs supérieurs hiérarchiques qui, curieusement, n’osent même pas s’interroger sur l’origine de leur fortune ostentatoire. Le pire c’est qu’ils sont quelquefois présentés ou enviés (c’est selon) comme des modèles de réussite sociale. Et pourtant, tout le monde est convaincu que ce ne sont que des affairistes, des dealers qui polluent impunément l’environnement des affaires.

Par ailleurs, on connaît aussi des entrepreneurs et des opérateurs économiques qui n’ont coutume que de régler leur problème de fisc dans les couloirs obscurs du service des impôts. Ceux-là n’ont ni recours aux voies légales de remise de taxes dues, ni de demande de paiement à tempérament de ce qu’ils doivent. Ils préfèrent graisser les pattes des fonctionnaires plutôt que verser le moindre kopeck dans les caisses de l’Etat. Certains sont passés maîtres dans l’art d’utiliser leurs relations administratives et politiques pour solder leurs comptes. Ils sont convaincus qu’il suffit d’avoir les bras suffisamment longs pour passer à travers les mailles des filets. Vrai ou faux ?

La promiscuité entre des opérateurs économiques et des acteurs politiques de haut rang n’est pas toujours de nature à favoriser le civisme fiscal au Faso. Car il est reconnu que les grands commerçants et autres entrepreneurs qui financent les activités des partis politiques ou sponsorisent des manifestations caritatives organisées par des personnalités attendent toujours un retour d’ascenseur. Soit en termes de marché, soit d’exonération d’impôt, ou de couverture en cas de pépin avec l’Administration en général ou le service des impôts en particulier. Tout compte fait, ils ne sont pas généreux pour rien. Le hic c’est que cette générosité a des effets polluants sur l’environnement des affaires. Dans le jeu du chat et de la souris entre le service des impôts et les acteurs du monde économique, il y a aussi ceux qui comptent sur leur lien de sang avec tel ou tel môgô puissant du régime pour échapper au fisc et à toute forme de contrôle.

Ceux-là s’adonnent à tous les écarts possibles. Et lorsque surviennent des impairs, c’est toute la république qui est éclaboussée par leur gaffe. Dans ce lot, on cite les beaux-frères, les belles-sœurs, mais aussi les belles-mères proches ou lointaines. Ainsi, dans l’affaire peu reluisante de « chèques roses » dans laquelle deux personnalités importantes du ministère de l’Economie et des Finances sont impliquées, certains sont déjà convaincus que ceux-ci joueront de leurs « liens de sang » pour se tirer d’affaire. Mais apparemment, l’affaire est plus sérieuse qu’on ne peut l’imaginer, puisque les intéressés auraient été déférés à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco) en attendant qu’ils soient situés sur leur sort. Ce malgré leur statut et leurs relations. Le pasteur Testicus Zorro pourra-t-il résister aux « interventions » et autres influences dans sa croisade contre l’incivisme fiscal ou laissera-t-il passer les gros poissons à travers la nasse ? Il est peut-être encore trop tôt pour en juger. Ce qui est sûr, c’est que ce nouveau front ne sera pas de tout repos pour lui. Mais c’est seulement lorsqu’il ira jusqu’au bout qu’il pourra prouver sa ténacité et donc sa capacité à briser ces mauvaises pratiques qui plombent dangereusement l’économie burkinabè.

F. Quophy

Le Journal du Jeudi

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 17:14
Ousmane Guiro est le directeur général des douanes du Burkina. Son institution est un des piliers du ministère de l’Economie et des Finances en matière de mobilisation de recettes pour le budget. Cette année, la contribution de la douane à ce budget est de 37%, soit environ 232,400 milliards de F CFA. Dans cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’homme parle de la lutte contre la fraude qui tue l’économie à petit feu et invite les importateurs à plus de transparence et au civisme fiscal. Dans le même temps, il annonce le durcissement de la traque contre les fraudeurs. 2010 ne sera donc pas de tout repos.

"Le Pays" : La douane est un acteur clef dans la mobilisation des recettes de l’Etat. Pouvez-vous nous rappeler la contribution attendue de la douane au budget 2010 ?

Ousmane Guiro : Je voudrais remercier votre journal qui nous aide beaucoup dans nos efforts de sensibilisation et d’information du public. Vous savez que l’information est capitale et par votre canal nous essayons de toucher le plus grand nombre de contribuables et de les sensibiliser sur la nécessité de s’acquitter de leur devoir fiscal en payant les impôts dus. Comme vous le savez, le budget 2010 a été voté par l’assemblée nationale. Dans ce budget, il revient à la douane de mobiliser 232,400 milliards de F CFA. Ce montant attendu représente 37,5% des recettes propres de l’Etat et près de 26% du budget général de l’Etat.

Comment le gouvernement impose-t-il à la douane les recettes qu’elle doit mobiliser ?

Le gouvernement ne nous les impose pas. Nous participons à l’élaboration du budget et voyons les difficultés qu’il y a à équilibrer les ressources et les dépenses. Ce que le gouvernement nous demande c’est de faire des efforts pour que l’Etat puisse avoir un budget équilibré. Nous faisons des prévisions initiales de recettes. Lors des arbitrages budgétaires, s’il y a des écarts entre les dépenses prioritaires et les recettes, le gouvernement demande aux régies de faire des efforts dans le sens d’augmenter les recouvrements pour combler le déficit budgétaire.

Arrive-t-il que le gouvernement vous demande trop d’efforts à ce niveau ?

L’Etat ne demande pas trop. Peut-être que nous, on peut trouver que c’est trop quand on n’arrive pas à mobiliser les recettes attendues. Quand le gouvernement fixe des objectifs, il estime qu’ils sont à notre portée. A la fin de l’exercice, on fait toujours le bilan pour évaluer les performances. Il arrive que nous fassions des excédents en terme de recettes. Il y a des années par contre où nous n’atteignons pas nos objectifs de recettes.

Qu’est-ce qui peut expliquer que la douane dépasse ses prévisions de recettes ?

Il y a beaucoup de facteurs. Le budget peut être excédentaire quand l’activité économique prend de l’ampleur avec l’accroissement du volume des importations et des investissements. Cela peut être aussi lié au renforcement de la lutte contre la fraude, à une meilleure application de la réglementation, à une meilleure maitrise de l’assiette fiscale par les agents sur le terrain. Aux différents facteurs sus-cités, il faut prendre en compte les fluctuations à la hausse des prix des hydrocarbures et la limitation des exonérations douanières.

Le principal ennemi de la douane, c’est la fraude. Quelle est son ampleur aujourd’hui ?

Tout ce qui passe en fraude, ce sont des marchandises que nous n’avons pas pu appréhender. Il est donc difficile d’en mesurer précisément l’ampleur et le manque à gagner. Nous ne pouvons donc pas dire combien l’Etat perd exactement dans ce fléau. Par contre, nous pouvons vous donner les résultats de la lutte contre la fraude à travers le contentieux douanier. En effet, les amendes infligées aux opérateurs économiques qui ont tenté de faire de la contrebande, de minorer les valeurs ou les quantités de leurs marchandises lors du dédouanement sont les suivantes :

- 2,566 milliards de F CFA en 2005 ; 2, 271 milliards en 2006 ; 2,688 milliards en 2007 ; 3.667 milliards en 2008 et 3, 218 milliards de F CFA en 2009. 33% du montant de ces amendes sont reversés au budget de l’Etat.

Mais la fraude ne débouche pas toujours sur le contentieux douanier ?

Tout à fait. Il y a ce que nous appelons la fraude portant sur certaines marchandises sensibles ou des marchandises qui ont un impact négatif sur la société et sur les unités industrielles locales. Les saisies de ces marchandises n’apportent aucun avantages financier ni pour l’Etat, ni pour l’Administration des Douanes. Elles sont qualifiées de saisies improductives. On peut citer dans ce lot les stupéfiants, les piles, les pneumatiques et les chambres à air pour cycles et cyclomoteurs, les médicaments de la rue etc.

Ces saisies qui ne peuvent faire l’objet de transaction sont détruites. Elles sont cependant comptabilisées, enregistrées en quantités et en valeurs pour des raisons statistiques.

La destruction des marchandises sus-citées occasionne des dépenses à l’Administration des Douanes.

En effet, la douane reste redevable à ce jour de la somme de 8 millions de francs CFA représentant le coût de la dernière opération de destruction de piles saisies.

Nous saisissons également des armes, des objets d’art. Ces saisies ne rapportent pas toujours quelque chose en terme de recettes mais participent à la protection des citoyens et de notre patrimoine culturel.

La douane est la première protectrice de l’économie nationale. De par sa présence aux frontières, elle veille à ce que nos unités industrielles ne soient pas victimes de concurrence déloyale. Mais vous constaterez qu’aujourd’hui que la douane participe à de nombreuses missions qui n’ont rien à voir avec le recouvrement de recettes. Quand il y a une épidémie de grippe porcine ou des informations sur des produits avariés ou contrefaits, c’est à la Douane de veiller à ce que personne ne puisse importer ces produits. Nous veillons sur la santé des populations en exigeant les certificats d’analyses du Laboratoire National de Santé Publique pour certains produits. Il y a des produits qui sont soumis à des conditions particulières à l’importation. La Douane doit s’assurer que la loi est respectée en la matière. Il s’agit par exemple des cigarettes, des huiles alimentaires, du sucre, etc. Nous ne prétendons pas pouvoir tout contrôler, mais nous faisons de notre mieux pour que le maximum de produits importés n’échappe pas à notre contrôle.

Les Burkinabè semblent réfractaires au paiement des impôts ; est-ce la même impression au niveau des services de la douane ?

Nous constatons effectivement que l’incivisme fiscal prend de l’ampleur. Les gens perçoivent mal le rôle de l’impôt. Payer ses impôts est un devoir citoyen, c’est participer directement au développement de son pays. Payer ses impôts, c’est donner les moyens à l’Etat de nous défendre, de nous protéger et favoriser la promotion des secteurs socioéconomiques.

Quelqu’un qui fraude par exemple à la douane, qui contourne les postes frontières comme on dit, est un danger public. Personne ne peut s’assurer de la qualité des produits importés dans ces conditions. Et puis à tout moment, le fraudeur peut être saisi par l’administration douanière. Il risque alors de lourdes amendes voire même la prison. Les économies qu’il a réalisées en faisant la fraude peuvent disparaître en un seul jour à travers le paiement d’une seule amende. Donc pour moi, la fraude est inutile. Un opérateur qui veut faire prospérer ses affaires dans la durée, qui veut dormir tranquillement et marcher la tête haute dans tous les milieux a intérêt à éviter la fraude parce que c’est se mettre volontairement en situation de faillite à tout moment. Payer ses impôts est avant tout une question de patriotisme et d’honneur. Personnellement, je pense que ce sont ceux qui ne payent pas souvent leurs impôts qui sont les plus exigeants vis-à-vis de l’Etat. Chacun veut que l’Etat arrange les routes, qu’il les bitumes, qu’il construise des ponts, des écoles, des dispensaires etc. Chacun veut également le confort et la sécurité. Pour que l’Etat puisse assumer ces différentes missions, les citoyens doivent s’acquitter impérativement de leurs devoirs fiscaux. A partir de ce moment, ils peuvent être en droit de réclamer les interventions de l’Etat dans le domaine économique et social. Là première des choses, c’est de s’acquitter de ses devoirs fiscaux.

Il ne faut pas que les gens croient que payer leurs impôts, c’est aider l’Etat. En définitive, ils s’aident eux-mêmes. L’Etat collecte et redistribue selon ses priorités d’investissement. Il utilise l’argent collecté pour promouvoir le développement économique et social. Il réalise des infrastructures qui profitent à tout le monde. Quand les ponts et les voies ont été emportés avec les inondations du 1er septembre 2009, tous les regards se sont tournés vers l’Etat malgré la solidarité agissante à laquelle on a assisté. Pour remplir ses missions, L’Etat a besoin de moyens et payer les impôts, c’est contribuer à lui procurer ces moyens.

La douane, au contraire des services des impôts, est aux frontières du pays et joue son rôle de collecteur de droits et taxes sur les marchandises au profit de l’Etat. A ce niveau, je vais demander aux opérateurs économiques de déclarer leurs marchandises en bonne conformément à la réglementation, qu’ils arrentent de commettre les fausses déclarations d’espèce tarifaire, de valeurs de quantités et de nature des marchandises. A ceux qui ont opté pour la contrebande pure et simple, je leur dis que tôt ou tard, ils tomberont dans les mailles des filets de la douane et ce jour-là, ils perdront plus que ce qu’ils ont gagné en fraudant. Aujourd’hui, chacun doit être sensibilisé sur le rôle de l’impôt et ne pas se comporter en égoïste, car ne pas payer les impôts c’est remettre en cause la puissance publique.

Les opérateurs économiques du formel se plaignent de la concurrence déloyale justement, parce qu’il y a des commerçants qui ne payent pas les mêmes droits et taxes et qui vendent les mêmes produits qu’eux sur le marché. Est-ce que tout le monde est traité de la même façon ?

Nous nous efforçons de traiter tout le monde de la même façon. Vous posez le problème des commerçants du secteur informel. Une bonne partie de la fraude vient effectivement de ce secteur. En effet, ils font de la concurrence déloyale au secteur formel sur plusieurs plans. Il y a certes, la fraude, mais, ils n’ont pas aussi beaucoup de charges. De plus, ils ont les moyens d’échapper à la fiscalité intérieure par leur mobilité.

Ils constituent une menace pour la survie du secteur formel quand ils sont sur la même branche d’activités. Ceux du secteur informel qui passent par les postes de contrôle s’acquittent des droits et taxes convenablement. Mais la réalité, c’est que le secteur informel est important et il ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Le plus important pour la douane, c’est de faire en sorte que le maximum se formalise.

Il faut reconnaître que la fraude est organisée en grande partie par le secteur informel. Cette fraude se faisait avant à vélos ou à dos d’âne à travers champs et bois, aujourd’hui avec l’aménagement des pistes rurales, les fraudeurs peuvent passer avec des voitures et même des camions. Les pistes rurales, c’est bien pour le paysan qui veut écouler ses produits agricoles, mais c’est mauvais pour la Douane car les fraudeurs en profitent. Cette situation amène la Douane à déployer ses effectifs, à renforcer ses équipements et à construire de nouveaux offices dans certaines régions pour mieux encadrer et surveiller le territoire national.

La fraude a-t-elle changé de nature depuis le temps que vous la combattez ?

Les fraudeurs ont toujours une longueur d’avance sur la douane, mais elle parvient toujours à les rattraper. Aujourd’hui les techniques de fraude sont devenues plus subtiles, plus élaborées et transnationales. Les actes préparatoires à la fraude sont conçus à l’étranger. En effet, à cause de la concurrence sauvage, même certains fournisseurs étrangers sont prêts à délivrer de fausses factures et de faux emballages, faisant ainsi le jeu des importateurs indélicats pour les maintenir parmi leur clientèle.

Par exemple dans le domaine de la contrefaçon, la nature et les marques des produits reprises sur les emballages ne sont pas conformes aux produits contenus dans ces emballages. Le faux est devenu le sport favori de certains opérateurs économiques. Les factures sont falsifiées depuis les ports d’embarquement. Mais nous arrivons très souvent à lutter contre ce genre de fraude puisque tout le monde ne fraude pas et nous avons des fichiers valeurs que nous interrogeons lors de chaque déclaration en douane. S’il y a des écarts importants, nous approfondissons les contrôles.

La fraude persiste, les sanctions sont-elles vraiment dissuasives ?

Bien sûr, elles sont dissuasives. En tous cas, depuis que je suis là, je sais qu’il y a beaucoup de gens qui ont cessé de faire le commerce. Ce n’était pas mon souhait. Mais celui qui fraude souhaite lui-même mettre fin à son commerce un jour, puisqu’on va le prendre. Personnellement, je pense que ce n’est pas trop demander aux gens de déclarer et d’avoir son petit bénéfice que de vouloir contourner les procédures. Je connais des commerçants qui se sont fait prendre deux ou trois fois. Aujourd’hui, ils sont tombés. A qui la faute ? Les sanctions sont bel et bien dissuasives. Allez dans certains offices de douane, il y a des véhicules qui sont garés depuis des mois. Il s’agit de véhicules saisis avec de la fraude. Les importateurs ont disparu parce qu’ils ne pas sont en mesure de s’acquitter des amendes. Le drame, ce ne sont pas les mêmes que l’on prend. Il y a toujours de nouveaux fraudeurs. Et moi je n’ai pas d’état d’âme face à un fraudeur. Je dis aux gens : allez dans les bureaux de douane, déclarez, payez et continuez tranquillement votre chemin au lieu de chercher des problèmes.

Pour l’année en cours, la guerre sera plus rude, plus sévère contre les fraudeurs. C’est pour cela que j’invite nos partenaires privilégiés, notamment les opérateurs économiques, les commissionnaires en douane agréés, à respecter les lois et règlements douaniers. S’il y a des difficultés, nous chercherons ensemble les solutions appropriées et ce, dans l’intérêt de tous. Les formalités douanières ont été simplifiées et allégées, on ne peut donc plus parler de lourdeur. Que ceux qui ont besoin d’informations nous touchent directement et évitent ces intermédiaires qui sont légions dans les offices de Douane. Les douaniers sont là pour apporter l’information juste aux usagers.

Votre mot de fin aux usagers et aux contribuables ?

Je leur demande de faire confiance à la douane, de faire confiance à l’Etat. Si l’Etat n’existait pas, ce serait la loi de la jungle et le plus riche ne sera pas toujours le plus fort pour protéger ses biens. Pour cela, les opérateurs économiques doivent payer leurs impôts afin de procurer les ressources nécessaires permettant à l’Etat de garantir la stabilité, la paix et la sécurité de notre pays. Nous avons tous intérêt à ce que l’Etat soit fort financièrement et crédible en payant nos impôts et taxes. L’amour que nous exprimons pour notre chère patrie doit être matérialisé à travers un civisme fiscal éprouvé.

Je profite de l’occasion pour rappeler aux commissionnaires en Douane agréés, qu’ils sont des auxiliaires de l’Administration des Douanes et à ce titre, ils sont chargés de collecter les recettes auprès des opérateurs économiques et de les reverser auprès de l’administration des douanes. Je voudrais une fois de plus, demander aux opérateurs économiques et aux commissionnaires en douane agréés, de travailler dans le respect strict des lois et règlements douaniers avec le code de conduite suivant : - pas de fausses déclarations d’espèces tarifaires ; - pas de fausses déclarations de valeurs ; - pas de fausses déclarations de quantités ; - pas de fausses déclarations de nature ; - pas de contrebandes ; - pas de détournement de marchandises exonérées de leur destination privilégiée ; - gare aux éventuels candidats à la fraude.

Propos recueillis par Abdoulaye TAO

Le Pays

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19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 17:03

Le régime fiscal des retraités a toujours fait l’objet de débats dans de nombreux pays européens, pour plusieurs raisons dont l’une est le poids important (démographique, économique voire même politique) dont le 3e âge dispose dans ces pays. En Afrique, si le sort fiscal de cette catégorie de la population a intéressé moyennement les spécialistes des finances publiques, la situation est en train de changer. Au Burkina Faso, par petites touches certes, le législateur fiscal les intègre de plus en plus dans son dispositif d’exonération. C’est le cas quand il précise la date d’effet de l’exonération de l’impôt sur les revenus fonciers lorsqu’ils disposent d’immeubles en location.

De plus en plus, le constat est fait que de nombreux salariés investissent dans l’immobilier, probablement en prévision de "leurs vieux jours", de sorte qu’à la retraite, ils (eux ou leurs ayants droit) disposent de revenus fonciers, qui pendant longtemps, n’ont pas eu de régime fiscal de faveur. Mais depuis quelques années, le législateur burkinabè, au regard probablement de leurs difficultés, les exonèrent du paiement de certains impôts et taxes. On peut souligner le cas de la taxe de résidence. Dans la loi de finances exercice 2009, il a précisé la date d’effet de l’exonération qui leur est accordé en matière d’IRF (impôt sur les revenus fonciers).

Que dit le code des impôts ?

La révision a été opérée par l’article 27 de la loi de finances exercice 2009 qui dispose ainsi qu’il suit : pour compter du 1er janvier 2009, l’article n°36 de la loi n°033-2007/AN du 06 décembre 2007 portant loi de finances pour l’exécution du budget de l’Etat, gestion 2008 est modifié et rédigé comme suit : Sont affranchis de l’impôt sur les revenus fonciers :
- les loyers de toute nature provenant de la location d’immeubles appartenant à l’Etat, aux collectivités territoriales et aux établissements publics n’ayant pas un caractère industriel et commercial ;
- les loyers des chambres d’hôtel et établissements assimilés ;
- les loyers dont le cumul mensuel par bailleur n’excède pas vingt mille (20 000) francs dans une même localité. Les personnes retraitées des secteurs public et privé et les conjoints survivants de retraités peuvent bénéficier de l’exonération de l’impôt sur les revenus fonciers dans la limite d’un seul bail et sous réserve que l’immeuble ait été construit ou acquis pendant la période d’activité. Le choix de l’immeuble ou de la partie d’immeuble objet du bail exonéré est définitif. A cet effet, les intéressés doivent adresser au Directeur général des impôts un dossier de demande comprenant :
- les pièces justificatives de leur statut ;
- tout document attestant de l’acquisition ou de la construction de l’immeuble pendant la période d’activité ;
- une copie du contrat de bail dûment enregistré ou de la quittance de renouvellement de bail. Le bénéfice de l’exonération constatée par décision du Directeur général des impôts prend effet à compter de la date d’introduction de la demande. Quelques observations

La reformulation de ce dispositif par la loi de finances, gestion 2009, a pour principale conséquence de considérer la date d’introduction de la demande comme le point de départ de la naissance du droit à l’exonération. La date d’effet de l’exonération court donc à compter de la date d’introduction de la demande auprès du Directeur général des impôts ou de ses services déconcentrés. Au titre des autres conditions à remplir, il est prescrit la présentation de la quittance de renouvellement pour les baux enregistrés lorsque la première période est expirée.

Amadou N. YARO

Le Pays

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